Hickel’s Visits

From In Slavery: The Journal of Two Deportees

Published by Henriette Celarié

Translated by Brandy Shrawder with help from Dr. Lynn Palermo

“Hickel put his plan into effect.  Nearly every day, under the pretext of making his rounds, he comes to the Hamlet of V, and, frequently, he comes to ‘Chalet lillois.’

“As soon as I hear the galloping of his horse, and as soon as I catch sight of him, I am terrified.  When Jeanne is with me, I’m not so alarmed; but, oftentimes I’m alone, and Hickel knows it.  Like when Jeanne has gone to get some milk, or when she has gone to the river, or when she has been busy washing our laundry.

“Hickel enters; he sits backwards on the only chair and stretches out his long, skinny legs; he takes a long draw on his cigar and exhales sharply:

‘Hello, my dear. Are you doing well?’

“I open the door and the two windows wide.  These are low openings that will be easy for me to jump over to get outside.  In case Hickel wants to rape me, I know that, without Jeanne here, I’m on my own.  I am defenseless, delivered to the German’s fantasy.  Should I shout?  Should I call?  No one would come.  Who would interfere with the head policeman’s doings for the sake of an emigrant?  Hickel is aware of this.  The day when he wants to… For the moment, he limits himself to complimenting and teasing me:

‘My little treasure, why are you so mean to me?  Are you always going to be mean?’

“I don’t respond to the question.  This Hickel horrifies me.  I feel sorry for having been taken from my parents.  I ask if I will be here much longer; Hickel snickers, shrugging his shoulders.  Tell him to leave or go outside?  Impossible.  The Germans enter where they want and stay for as long as they want.  He gets up.  This young “well-brought-up” man is actually quite vulgar.  He paces around the bedroom; he examines the old magazine pages from l’Illustration that we have used to decorate the walls, he stops in front of the bed, and whispers innuendos:

‘My little treasure, is your bed comfortable?  Good bed?  Good sleep?  My dear, to sleep all alone!  Not good.’

“He picks up a book that happened to be lying on the nightstand and starts to search through my belongings.  His questions make me turn red with shame, and I want to rip my belongings away from him and shout at him:

‘Would you leave that alone?’

“He finally leaves:

‘Goodbye my little treasure.’

“He remounts his horse.  My heart stops pounding.  I am saved, for today.  But what about tomorrow when he comes back?…

“Jeanne is harassed by one of the national policemen.  She does not know how to defend herself against him.  He is a clumsy blond man who is no longer young, married, and a father of five children.  When he knows my friend is alone, he goes into the bedroom, tries to kiss her, put her on his lap, and fondle her:

‘Pretty little French girl,’ he says, ‘Nice little lady.’

“One morning, Jeanne is in the middle of getting ready.  She only has a top and a petticoat on.  The policeman comes in without knocking.  At the sound of boots on the ground, Jeanne turns around.  The policeman is already near, he is about to grab her.  She escapes his grasp with a lunge; she jumps out of the window, and finds safety at a neighbor’s house.  Can you imagine an existence with such terrors?

“‘The fear of being raped, one day, by one of these Germans, was what was most dreadful,’ Marie X told me. ‘Not knowing whether or not we would get enough to eat, not knowing if anyone would make us work more, these never worried us too much.  We obsessed over one thing only—we shivered at the softest sound of a footstep or voice.  However, we were not the most unfortunate’:

“In B village nearest to our hamlet, one hundred and fifty women are housed, or rather penned in a hay loft.  They sleep wherever they can find a place in the straw, and they are chewed by vermin.  There, prostitution is publicly organized.  Each night, at the doorstep, the soldiers call up the women who they desire for the night:

‘Charlotte Z, three chocolate bars.’

‘Louise G, a mark [German currency], and a chocolate bar.’

“The unfortunate ones get themselves up out of the straw they are nested in and follow the men who call them.

“To justify their actions, the Germans claim that the prisoners are all prostitutes.  They are lying.  We know that they take honest women and prostitutes alike.

“‘One of the most painful things about my captivity,’ recalls Marie X, ‘was the disdain from people who, not knowing me, believed the Germans who claimed that I was what I was not; it was listening to children and even toddlers call their mothers and making me want to cry because they reminded me of my own mother; it was also hurtful when people dirtied me with insults when they passed by such as, ‘German soldier’s bitch!’ It’s impossible to make them understand or even try to explain it to them.  The only thing I could do was return to my room and hide.’

“Such sadness portrayed by this poignant confession from a child of only twenty years!

L’originale

Les visites de Hickel

Hickel a mis son projet à exécution. Presque chaque jour, sous couleur de faire sa tournée, il vient au hameau de V … et, fréquemment, il entre au « Chalet lillois » …

« Dès que j’entends le pas de son cheval, dès que je l’aperçois, me voilà terrorisée. Quand Jeanne est avec moi, je ne m’alarme pas trop ; mais, souvent, je suis seule. Hickel le sait. Jeanne est allée chercher du lait, elle est à la rivière, occupée à laver notre linge…

« Hickel entre ; il s’assied sur l’unique chaise ; renversé sur le dossier, il allonge ses grandes jambes maigres ; par grosses bouffées, il lance Ia fumée de son cigare :

« Bonjour, ma petite chérie. Tu vas bien ?…

« Moi, j’ouvre toutes grandes la porte et les· deux fenêtres. Celles-ci sont fort basses ; il me sera facile de les enjamber, de sauter dehors. Au cas où Hickel voudrait me violenter, je sais, qu’en l’absence de Jeanne, je ne puis compter que sur moi. Je suis sans défense, livrée à la fantaisie de l’Allemand. Crier, appeler ? Personne ne viendrait. Qui done, pour moi, une « émigrée », aurait envie de s’attirer une affaire avec un « chef » ? Hickel ne l’ignore pas. Le jour où il voudra… Pour le moment, il se borne à m’adresser des compliments et des reproches taquins :

« Mon trésor, pourquoi es-tu si méchante avec moi ? Est-ce que tu seras toujours méchante ?

« Je ne réponds pas à la question. Ce Hickel me fait horreur. Je me plains d’avoir été enlevée à mes parents. Je demande si je resterai longtemps encore, ici ; Hickel ricane, hausse les épaules. Lui dire de s’en aller, le mettre dehors ?  Impossible. Les Allemands entrent où ils veulent et restent le temps qu’ils veulent.  Il se lève. Ce jeune homme « bien élevé » est fort sans gêne. Il fait le tour de la chambre ; il examine de vieilles gravures de l’Illustration dont nous avons orné nos murs, il s’arrête devant le lit, et avec un ton plein de sous-entendus :

« Mon trésor ; est-ce que ton lit est bon ?… Bon coucher, mademoiselle ? Bon dormir ? Ma petite chérie, coucher toute seule I Pas hon…

« Un ouvrage traine sur la table, il le prend ; il fouille dans mes affaires. Ses questions ; tout à l’heure, me faisaient rougir de honte, maintenant j’ai envie de lui arracher des mains ce qu’il tient, j’ai envie de lui crier :

« Voulez-vous laisser cela…

« Il s’en va enfin :

« — Au           revoir, mon trésor…

« Il remonte à cheval.  Mon cœur cesse de battre. Je suis sauvée, pour aujourd’hui. Oui, mais demain ? quand il reviendra …

« Jeanne, elle, est harcelée par l’un des gendarmes. Elle ne sait comment se défendre contre lui. C’est un lourdaud de blond, plus tout jeune, marié et père de cinq enfants. Quand il sait mon amie seule, il entre dans la chambre, il essaie de l’embrasser, de la prendre sur ses genoux, de la caresser :

« — Jolie petite Française, dit-il… Gracieuse petite mademoiselle … »

Un matin, Jeanne est en train de faire sa toi — lette. Elle a seulement sa chemise et un jupon. Le gendarme entre sans frapper.  Au bruit d’es bottes sur le sol, Jeanne se retourne. Le gendarme est tout près, il va la saisir. D’une poussée, elle se dégage ; elle saute par la fenêtre, se réfugie chez une voisine… Comment imaginer le supplice d’une telle existence avec des terreurs continuelles ?

« La crainte d’être prise, un jour, par un de ces Allemands, était pour nous ce qu’il y avait de plus épouvantable, m’a dit Marie X…  Savoir si nous aurions de quoi manger, savoir si l’on nous ferait travailler davantage, nous n’y pensions que par instants. Une seule idée nous obsédait, nous faisait tressaillir au moindre bruit de pas ou de voix… Pourtant, nous n’étions pas les plus mal­ heureuses :

« A B…village tout  proche  de  notre hameau, eent cinquante femmes sont logées, on plutôt parquées dans un grenier. Elles couchent pêle-mêle sur la paille ; elles sont dévorées par la vermine. Là, la prostitution  est  organisée publiquement. ‘ Chaque soir, sur le pas de la porte, les soldats font l’appel des femmes qu’ils désirent pour la nuit :

« — Charlotte Z…, trois tablettes de chocolat…

« — Louise G… , un mark et une tablette… »

Les malheureuses sortent de la paille où elles sont nichées, suivent celui qui les appelle.

Pour s’excuser, les Allemands affirment que ces prisonnières sont toutes des prostituées. Ils mentent. Nous savons qu’ils ont enlevé indifféremment les femmes honnêtes et les filles publiques.

« Une des choses les plus pénibles de ma captivité, se rappelle Marie X…, e’ a été de sentir peser sur moi le regard méprisant de ceux qui, ne me connaissant pas, me prenaient, sur le dire des Allemands, pour cc que je n’étais pas; c’a été d’entendre les petits enfants, même les tout petits, ceux qui me donnaient envie de pleurer quand ils appelaient leur mère, parce qu’alors ils  me  faisaient penser à la mienne, c’a a été de  les entendre, bien souvent, me salir, au passage, de mots injurieux:

« —P …, garce…, femme à Boches ! »

Femme à Boches !  Impossible de leur faire comprendre, de leur expliquer. Je n’avais qu’à rentrer clans ma chambre pour m’y cacher. »

Quelle tristesse clans cet aveu rendu plus poignant de ce qu’il est fait par une enfant de vingt ans !